accueillivrecontact

Mai 2007

9ème étape de notre tournée


Interview Gonzalo Marull - CORDOBA
Je l ai rencontre au Cineclub, theatre Municipal HUGO DEL CARRIL ou se joue sa piece " Maudite Aphrodite"

Peux-tu te présenter?
Je suis dramaturge et metteur en scène. J’ai suivi la formation qui s’appelle « Licencia en teatro » de l’Université Nationale de Cordoba. J’ai fini ma formation en 2000.
C’est une formation et théorique et pratique. Meme si je ne suis pas acteur j’ai suivi un enseignement de jeu dramatique.
La formation est très ample, diverse. Et après on choisi ce qui nous convient le mieux. On se spécialise. Je faisais aussi des études de lettres moderne et donc je me suis naturellement tourné vers la spécialisation d’écrivain.

Comment as-tu commencé a travaillé ?
En fait j’ai commencé à intégrer le monde du travail à l’Université. J’organisais des évènements. J’ai été l’initiateur du projet « Marathon de théâtre ». Les étudiants devaient préparer une scène de 10 minutes d’un auteur ou d’eux même. Il y avait 12 groupes.
Les scènes sont représentées le même soir devant le même public, l’une après l’autre. Et le public vote pour celle qui lui parait la plus intéressante. Le groupe qui a créé la scène gagnante reçoit le total des entrées pour transformer cette scène en pièce. Le groupe gagnant signe une clause selon laquelle avant un an il doit représenter son spectacle
C’est une aide de production. Car en général les étudiants n’ont pas assez d’argent pour monter un spectacle.
Et ça a bien marché car les étudiants ont fait venir leurs amis pour qu’ils votent pour eux ce qui a fait qu’on a du faire la représentation dans une salle de 2000 spectateurs ! Ce qui a fait une somme considérable.
.J’ai organisé 3 Marathons qui ont aboutis à la formation de 3 compagnies professionnelles ( les vainqueurs).

En tant que metteur en scène, comment travailles-tu ? As-tu une compagnie ?
Non. Ici à Cordoba, il y a peu de compagnie. On réuni des comédiens pour un spectacle. On appelle ça « espectaculos concertados »( spectacle concerté).On n’utilise pas le système de casting ici. On choisi les gens car on les a vu jouer.
Le théâtre a Cordoba est un petit monde : tout le monde travaille avec tout le monde !
Et c’est très difficile de former des groupes, des compagnies. Il y en a très peu qui ont résisté au temps. Je pense que c’est du d'une part a la vie en commun et d'autre part a la lutte de pouvoirs dans la création ; tout le monde veut avoir son mot a dire artistiquement. Ici on nous appelle les « teatristas » car tout le monde joue tous les rôles : tout le monde est a la fois écrivain, acteur, et metteur en scène. Et donc au sein d’un groupe ça génère une sorte de rivalité, de lutte de pouvoirs, car personne ne reste a sa place. L’acteur veut faire la mise en scène etc.…Tout le monde a des idées différentes et veut les imposer et ça provoque des crises. Quelque fois ça peut être positif et créer une émulation artistique mais quelque fois…

Dans le groupe que nous formons sur ce projet ça se passe bien. Chacun d’entre nous est à la place qui lui convient et on forme une machine intéressante.

Peux-tu nous parler de ton travail d’écrivain ? Quelle est ton inspiration ?
Je crois que je suis une personne qui écrit beaucoup ce qu’il voit, de la société.On dit de mon écriture qu’elle est très régionale, très de Cordoba. Ici les gens sont très étranges, ils peuvent aller très mal mais ils arrivent à garder de l’humour. C’est comme ça que j’arrive a créer des personnages intéressants.La société de Cordoba, que j’observe, m’inspire beaucoup de personnages et de situations.Je crois que je suis très sensible non a ce qui m’arrive a moi mais a ce que je vois,que je sens dans la ville.
J’ai écrit pour la télévision et le cinéma pour essayer ou car on me l’avait demander mais ce que j’aime c’est écrire pour le théâtre car ça m’apporte une liberté que je ne peux pas retrouver ailleurs.
J’ai écrit 9-10 pièces.

Comment t’es tu dirigé professionnellement vers le théâtre ?
C’est bizarre.J’ai fait un collège religieux très strict, avec des curés qui nous battaient…Et il était très orienté vers le commerce, l’économie. Tous mes collègues ont fait des études d’économie ou de droit. Donc ma vocation pour le théâtre a surgit d’une manière inexplicable, car a la maison non plus ce n’était pas très artistique ni littéraire. Je crois que depuis tout petit j’ai toujours été très cinéphile, je passais des heures au cinéma. Mon intérêt a d’abord été pour le cinéma, mais je n’ai pas pu faire la formation car c’était très cher. Donc j’ai cherché des études qui y soient liées ; et ce fut le théâtre.
Et quand j’ai commencé ma formation de théâtre se sont croisés/opposés mon passé personnel avec son éducation autoritaire et religieuse, très structurée et stricte et ce présent, a l’Université, a la sortie de la dictature, ou tout le monde était très libéré. Ca m’a passionné. Tous les comédiens jouaient nus ! En moi ce sont entrechoqués 2 mondes opposés ; ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui

Et pourquoi écrivain et metteur en scène et pas comédien ?
J’ai toujours beaucoup aimé lire ( j’ai commencé par des études de littérature). Petit j’ai eu l’occasion d’être en contact avec le matériel lumière de spectacles. Ca m’a donné un point de vue esthétique extérieur. Je crois que ce regard esthétique et extérieur conjugué a ma passion pour les lettres ( je lisais beaucoup de pièces et aimais les analyser) et au fait que j’ai réalisé que comme acteur je suis très mauvais, m’ont naturellement mené a l’écriture et a la mise en scène.

En tant que metteur en scène sur quel critère choisis-tu tes comédiens ?
Il y a une anecdote qui me parle beaucoup : Un professeur reçoit en audition un très grand pianiste, un génie. Une fois qu’il a finit de jouer excellemment bien le professeur lui demande de soulever le piano !
Je ne cherche pas seulement un acteur qui soit un virtuose mais surtout un qui ait la capacité , l’esprit, la force de travail. J’ai travaillé avec des comédiens qui jouaient très bien du piano mais qui ne le soulevaient pas : ils ne venaient pas aux répétitions, étaient difficile a diriger…
Sinon le choix d’un comédien a quelque chose de très instinctif. Bien sur je m’intéresse à sa voix, sa façon de bouger son corps, de dire son texte. Plein de petites choses qu’on analyse.
Ici on travaille très peu la voix. Moi j’y fais très attention, j’ai étudier dans une école aux Etats-Unis et la bas on la travaille beaucoup, c’est quelque chose a laquelle je suis sensible.
En ce moment en Argentine il y a un mouvement très important, auquel s’opposent les comédiens, qu’on appelle « biodrama ».C’est très polémique.

Qu’est-ce que le « biodrama » ?
Je ne sais pas comment c’est arrivé en Argentine, peut être cela vient il d’Europe ? Ce mouvement s’est aussi retrouvé a un moment dans le cinéma. Il s’agit de travailler avec des non comédiens, des gens normaux qui remplacent les comédiens. Mais ce n’est pas seulement ça. On se sert de leur vraie vie pour créer la pièce.
J’ai eu une expérience de Biodrama. J’ai mis en scène l’expérience de gémellité de mes frères. Je les faisais parler de la situation et on a créé un spectacle qu’ils ont eux-mêmes joué.
Je pense que ça pourrait être plus intéressant de créer la pièce avec les vrais gens mais de transmettre ensuite le relais à des comédiens professionnels.
Ce mouvement du non acteur est très d’actualité. Cela peut s’expliquer par le fait que nous sommes dirigés par le mensonge : les hommes politiques sont devenus des acteurs. Tout le monde sait qu’ils mentent, c’est comme la convention théâtrale. Du coup les créateurs ont eu besoin de chercher la vérité ! Et elle ne peut venir des acteurs mais des vrais gens ! Voila le raisonnement qui a conduit, je pense, a la propagation du Biodrama.

Peut on vivre du métier de comedien en Argentine?
Il n’y a pas de marché pour le comédien. En général tous les comédiens sont également professeurs de théâtre ( pour rester en contact avec le théâtre). Sinon ils travaillent dans un petit magasin ou ont carrément un autre métier. J’ai une copine comédienne qui est avocate. Elle a suivi les 2 formations.
La majorité de mes collègues de l’Université ont abandonné le théâtre ; elles se consacrent a leur vie de mère.
Il y en a certains qui résistent et qui multiplient les rôles, jouent dans des publicités. Et ils arrivent a gagner de l’argent et a survivre je dirais. Quand arrive la fin du mois c’est souvent compliqué !
Enfin il y a les comédiens de la Comedia Cordobesa, du Théâtre Real qui sont comme des fonctionnaires. C’est eux qui s’en sortent le mieux. Ils sont payer par le gouvernement provincial. Mais ce ne sont pas des bonnes personnes. Ils sont payés même quand ils ne font rien, avec des horaires fixes ; ils pointent avec une carte. Il y a une mauvaise mentalité la dedans.

Et toi comment fais tu pour gagner ta vie ?
J’écris . C’est plus facile que pour un acteur car je touche des droits quand ma pièce est jouée et moi, pendant ce temps là, je peux faire autre chose, je n’ai pas besoin d’être sur scène.
J’ai un agent qui perçoit 10% des entrées où mes pièces sont jouées. 80 % de ses 10% me reviennent comme droits d’auteurs.
Je dirige aussi un atelier d’écriture . Par ailleurs comme j’ai été pas mal vécu dans le milieu technique des lumières- éclairages, j’ai pas mal de contacts avec des groupes de rock qui m’appellent pour que je fasse leurs lumières.
Avec tout ça j’arrive a gagner ma vie.

Quelles sont les écoles professionnelle de théâtre a Cordoba ?
Il y a 3 sortes de formations :
- L’Université Nationale de Cordoba qui a une formation intitulée « licencia en teatro ».C’est une formation très diverse, on y apprend la mise en scène, l’écriture, le jeu dramatique, et tout le coté technique-régie. Il y a 3 années plus 2 ou on se spécialise.Et ensuite on fait une thèse finale (avec un travail de recherche puis on met en scène une pièce dans laquelle on joue. Un peu trop en même temps !)
C’est une école publique et donc gratuite. Il n’y a pas de concours d’entrée.
- La Ciudad de las Artes (la ville des arts) ou il y a l’Ecole Roberto Arlt. C’est une école qui forme à la pédagogie théâtrale. C’est pour devenir professeur de théâtre.
- Le Seminario Jolie Libois qui propose une formation de comédien. Le diplôme est appelé « terciario » (il est plus bas que les deux précédents). Par contre les diplômés ont la possibilité de passer un concours et d’intégrer au sein du Théâtre Real, la compagnie « La Comedia Cordobesa », financée par le gouvernement de la province.

Quels sont selon toi les meilleurs auteurs dramatiques argentins ?
En ce moment il y a des nouveaux, jeunes (30-40 ans), très bons, a Buenos Aires : Rafael Spregelburd, Daniel Veronese, Javier Daulte.

As-tu une pièce à nous conseiller en particulier ?
Oui, pourquoi pas Heptalogia Hieronimus Bosch (7 pièces sur les péchés capitaux) de Rafael Spregelburd.

Quels sont tes metteurs en scène argentins préférés :
Souvent les metteurs en scène sont aussi les auteurs qui ne veulent pas laisser leur pièce aux mains de quelqu’un d’autre.Les 3 auteurs que j’ai cité précédemment sont également de grands metteurs en scène.
Il y a aussi Mauricio Kartun , le plus grand. Il a été le professeur des autres. J’aime beaucoup Rubén Szchumacher et Luciano Caceres.

Que connais tu du théâtre français, européen ?
Grâce a Tintas frescas beaucoup de spectacles français viennent en Argentine. Il y a un metteur en scène qu’on aime beaucoup c’est Jorge Lavelli. Philippe Genty est aussi quelqu’un dont le travail m’a beaucoup marqué.
On aime beaucoup le théâtre allemand. Par contre on n’aime pas trop le théâtre espagnol en général. Sinon j’aime bien Myosec un auteur polonais, Tom Stoppard, Pinter….
Comme auteurs français je connais évidemment Koltès, Minyana

Avez-vous aussi des auteurs ,comme eux, qui ont une écriture particulière ?
Les auteurs argentins ont beaucoup été influencé par la dramaturgie française dans les années 90, justement par ces auteurs français et allemands (Koltès, Sarah Kane…) .Notamment les 3 que j ai cite plus hauts.


Cliquez sur la photo
pour avoir un agrandissement
et sa légende

image
Gonzalo Marull
image

decoCommenter la page Afficher les commentaires Il y a 1 commentaires actuellement


remonter
decoEnvoyer à un amiCommenter la page
Il y a 1 commentaires sur cette page