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Février- Mars 2007

7ème étape de notre tournée


Comment ai-je trouvé ce Festival ?
Franchement ce ne fut pas facile. Mes prises de contacts et mes recherches sur internet avant le départ n’ayant pas donné grand-chose en ce qui concerne le théâtre indigène, dès mon arrivée au Mexique j’ouvrais donc grand les yeux et les oreilles, traînais dans tous les lieux culturels. C’est alors que je tombe sur un article de journal qui parle d’une compagnie FOMMA (Forteresse de la Femme Maya) qui met en scène des comédiennes mayas dans des pièces sociales emprunte de références culturelles indigènes ayant pour but de faire changer les mentalités. M unie de cet article je parcourt San Cristobal a la recherche de cette compagnie : de l’office du tourisme aux différents centres culturels, personne ne connaît ! C’est finalement grâce a Roberto, notre logeur dont la mère connaît tout le monde que j’entre en contact avec une des comédiennes qui m’informe de ce festival.
Malheureusement à la date de ce Festival nous devions être déjà bien loin de San Cristobal…Que faire ? On décidera de faire 15 heures de bus, d’assister à une journée et de repartir en avion pour Mexico. Un peu fatiguant, un peu plus de sous dépensés, mais bon, je ne pouvais pas manquer ça, non ?
Le matin, après une nuit blanche dans le bus je vais a l’office du tourisme de San Juan Chamula me faire confirmer que le Festival a bien lieu, et ses horaires. Le jeune homme n’est même pas au courant ! Je lui montre l’affiche et la scène qui s’installe devant lui, ça ne lui parle pas plus, c’est dingue !

Le lieu :
Dans ce formidable petit village au milieu des montagnes du Chiapas (cf. carnet de route) a été dressé, sur la place principale, une scène. Des centaines de chaises sont également installées. Juste derrière le marché continue tranquillement.
Le public est composé essentiellement des enfants de San Juan. Il doit y en avoir une bonne centaine : les fillettes portent leurs petits frères dans le dos, la mine toute barbouillées et les cheveux en bataille ils sont tous très heureux d’être au spectacle. Je m’assois au milieu d’eux et partage avec mes voisins mon bout de pain et ma baguette (ça a faillit provoquer une émeute tellement tout le monde en voulait !). Ce sont des enfants très pauvres ici…

FESTIVAL Voz y Corazón de Nuestros Pueblos , qu´est-ce que c´est?
Voix et cœur de nos peuples : 1er festival de Théâtre Indigène et Communautaire au Chiapas.
C’est l’association Sna Jtz’ibajom qui grâce au soutien du Fond National pour la Culture et les Arts, (FNCA) organise chaque année un tel festival.
Le but de ce festival est de faire connaître les mythes, les croyances et les traditions des ancêtres mais également de réunir les pièces et le travail artistique de plusieurs groupes de théâtre populaire.

Le Festival présente 45 représentations de 14 pièces de théâtre dans les village de Zinacantán, San Juan Chamula y Tenejapa, du vendredi 16 au dimanche 18 mars.

Les groupes qui y participent viennent des villages de Tenejapa, San Juan Chamula, Zinacantan mais aussi de la ville de México, de Moorelos, du Chiapas, de Bolivie et du Chili

Le Festival a lieu chaque jour de 10h00 a 22h00 (les 2 dernières heures, c’est la fête, les gens dansent en compagnie d’un groupe de danseurs boliviens) dans un des trois villages.Ces derniers sont situés autour de san Cristobal de Las Casas (moins d’1/2h en colectivo)
La plupart des œuvres représentées sont issues de création collective, d’ateliers expérimentaux encouragés par les institutions étatiques et des associations civiles. Leur durée varie entre 30 minutes et une heure. Raúl Pérez, un des organisateurs explique que: “Le public pourra découvrir les nouvelles thématiques que le théâtre indigène aborde et la préoccupation des communautés quant a la préservation de leurs traditions dans cette aire de la globalisation. Le festival sera une opportunité pour revaloriser le rôle que jouent les différentes ethnies du Mexique et le reste de l’Amérique Latine dans l’identité des nations. »

Selon Francisco Álvarez « Le Festival se veut également être un lieu pour poser les différents points de vues concernant le futur des communautés indigènes sur notre continent et les défis qu’elles relèvent pour préserver leur identité les décades qui arrivent »

L’année prochaine est prévue dans cette lignée la création de l’Institut des arts et Sciences Mayas, ou seront préservées les expressions artistiques passées et présentes ainsi que le système linguistique, numérologique et agrotechnique de cette culture.

Les spectacles :
Le théâtre indigène est vivant il est formé d’un complexe tissu de traditions, légendes qui s’imbriquent aux formes modernes en faisant intervenir par exemple des jaguars, des dieux préhispaniques, des danses ancestrales,des récits oraux transmis de génération en génération.

Chaque comédien a un micro sur le buste pour une meilleure compréhension du public.
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Le Festival s’ouvre par la représentation devant l’ancien couvent de Santo Domingo à San Cristobal de la pièce Don Goyo de Raúl Pineda par le groupe Los Volcanes (état de Mexico). Je ne l’ai pas vu car c’était le 15.
Cette pièce vient d’une vielle légende préhispanique, toujours en vigueur dans de nombreux villages et aires rurales des vallées de Mexico. Le volcan Popocatépetl est incarné en un personnage fantasmagorique aux traits humains et qui vit dans la montagne.
Parmi les populations de Puebla, México et Morelos le volcan est l’objet de rite officiés par les ministres de culte préhispanique (les tiemporos ou misioneros del tiempo) qui font pleuvoir, disparaître les nuages en invoquant l’esprit de Popocatépetl.
Don Goyo est le nom que les gens donnent a ce volcan depuis le 17 eme sc.En langue indigène Popocatépetl signifie en náhuatl mont qui fume.

El Cazador (le chasseur), par la cie Petul Xun du Chiapas
C’est un théâtre de guignol version indigène. C’est en langue tzotsile et Petul, le héro porte l’habit traditionnel de San Juan Chamula. Apparemment c’était très drôle, moi je n’ai pas trop compris…il y avait certes un chasseur et des animaux…

El Tigre y la Mujer (le tigre et la femme), cie Yaxh’il k’aal de San Cristobal de las Casas.
Il s’agit de théâtre communautaire dont le but est de mettre en scène des problèmes de société propres aux communautés afin de faire réfléchir et évoluer les choses.
Il y a dans ce groupe 6 comédiens. C’est l’histoire de la mère, mal fagotée, avec un nez crochu, qui peine a s’occuper de tout tandis que son mari ne fait rien sauf se faire servir, que son fils est alcoolique et que sa fille drague tout le monde.
Le jeu est assez grossier et très exagéré mais les enfants adorent.
Un moment très drôle était celui ou la fille et son petit copain vont derrière un paravent. On voit alors voler culotte, soutiens gorges. Tout le monde (enfants et adultes) se précipite derrière le paravent pensant voir le couple nu !!!
Pour résoudre ses problèmes on demande a la mère d’aller dans la foret Lacandon arracher 3 dents de tigre. Elle y parvient.La morale est la suivante : si elle a eu le courage d’arracher ses dents a un tigre il lui faut le courage de reprendre sa famille en main. Elle ôte alors son nez crochu, son tablier et met un décolleté et une minijupe !
Personnellement j’ai trouvé la morale un peu douteuse…C’est encore a la femme de tout faire, aucune prise de conscience de la part du mari ou des enfants. Les problèmes sont suggérés hyper superficiellement : le fille dit qu’elle ne veut pas mettre de préservatif et on ne revient pas dessus !
Bref je ne pense pas que cela ai fait progresser les meurs des spectateurs…

Viva la vida (vive la vie), cie FOMMA, San Cristobal de las Casas
4 comédiennes, toutes mayas. C’est également une forme de théâtre communautaire et social mais cette fois plus abouti et plus artistique.
L’histoire : une femme est enceinte et souffrante. Son mari ne s’en préoccupe pas et la traite comme une esclave.La femme défaille, elle fait une hémorragie. On conseille à sa mère de l’emmener à l’hôpital car les médecines traditionnelles n’y peuvent rien. Celle-ci refuse et continue de lui faire boire du thé chaud. La femme meurt mais son bébé vit. Vient ensuite l’histoire de ce bébé ; de son rapport, jeune femme, avec sa grand mère, avec son fiancé. Ce dernier est plus affectueux. Il lui ordonne de se reposer quand elle est enceinte. Ils sont heureux tous les deux. Au moment de l’accouchement c’est la grand-mère qui l’accompagne à l’hôpital et tout se passe bien.
Cette pièce est formidable elle nous présente le mode de vie et de pensée indigène, la façon de le faire évoluer, les traditions et croyances mayas (cérémonie quand qq est mort). Tout est très subtile.
C’est parce que les comédiennes sont elles mêmes issues de cette communauté que leur discours passe mieux. Elles sont toutefois bien courageuses d’exposer des idées si nouvelles (préservatifs, condition de la femme, l’homme doit aider, autonomie vis-à-vis des parents), devant les leurs encore assez réticents. Effectivement j’ai vu de nombreux hommes rigoler aux moments les plus pénibles. D’autres marquaient leur accord avec le mari quand celui-ci trompait sa femme ou lui ordonnait d’enlever ses bottes !
Il y a encore du chemin, mais heureusement qu’un tel groupe existe.

Resistec, performance théâtral, México
Création contemporaine mêlant déclamation, danse, expression corporelle. Deux comédiens. Quand j’assiste a cette représentation la première chose que je me dis c’est que ce n’est pas du tout adapté au public qui est présent. Les enfants ne comprennent pas de quoi il s’agit, c’est trop abstrait par contre ils rigolent des qu’ils apercoivent la culotte de la comédienne.
J’ai du mal à saisir le sens de cette performance au départ. Je ressens la peur, la violence à travers ces corps torturés. Je comprends ensuite avec la bande son : des voix de femmes mixées avec des journalistes : des femmes ont été violées, des homme battus…
A la fin, la comédienne nous explique le pourquoi de cette création. C’est une performance militante, en réaction aux évènements qui ont eu lieu en mai 2006 a San Salvador Atenco : milice / police sont intervenus dans ce village, ont violés les femmes, emprisonnés les hommes.Le message : ne nous laissons pas acheter, restons unis ! Cette performance a été réalisée pour accompagner « la otra campana ».
Suite à cette explication, des membres organisateurs lèvent le poing et crient « la lucha sigue ! »(La lutte continue).

« Collage de Teatro Popular » (montage de théâtre populaire), cie Teatro en Movimiento, ville de México
Ce groupe vient de Mexico et nous propose plusieurs réflexions théâtrales sur l’héritage mayas, la politique vis-à-vis des indigènes, la responsabilité des Etats-Unis, leur avidité de pétrole…
Ex : mise en scène d’un couple qui suit les élections de 2006 a la TV (ou la gauche donnée gagnante a finalement été battue).Ils dénoncent l’importance de la télévision au sein des foyer ; le rôle des médias, leur manipulation des populations. Selon eux beaucoup de gens ont voté a droite sans vraiment comprendre leur geste et allant de ce fait contre leurs intérêt. Ils dénoncent le pouvoir de l’argent et l’influence des Etats- Unis qui ne supporterait pas que le Mexique passe ait gauche comme est en train de le faire l’Amérique du Sud.
Mise en espace d’un poème d’un auteur anonyme racontant l’arrivée des colonisateurs blancs.Ce poème critique l’arrivée des blancs, leurs façons de nier la culture et les valeurs indigènes, de vouloir imposer les leurs, de déposséder les peuples de leurs terres…Le message : Il faut résister.

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Cie Petul Xun
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El Tigre y la Mujer

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Teatro en movimiento
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FOMMA

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