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Février 2007

6ème étape de notre tournée


Spectacle de Kabuki au Kabuki-Za a Tokyo
Kanadehon Chushingura

auteurs :
Namiki Senryu, Miyoshi Shoraku et Takeda Izumo
Comédiens : 35 dont Tomijuro, Kikugoro,Tamasaburo

Le théâtre :
Le Kabuki-za est situé au cœur du quartier Ginza, quartier chic de Tokyo (ou on trouve tous les grands magasins).
A la suite d’un incendie puis du tremblement de terre en 1923, il a du être reconstruit.
La scène fait 27 mètres de largeur, incluant une scène tournante de 18 mètres de diamètres.
Il a une capacité de !906 personnes.

Il vous transporte à l’époque d’Edo ( ancien Tokyo, traditionnel). Il est très impressionnant, majestueux. Il comprend plusieurs restaurants, une boutique de souvenirs et un point de vente de bentos ( boite repas) car la représentation s’étale sur plusieurs heures, les gens profitent de l’entracte pour manger.

Comment ca marche ?
On ne peut pas parler de représentations au sens ou on l’entend en France, un spectacle dure toute la journée et on peut aller et venir dans la salle entre les actes ( assister au premier puis revenir deux heures après ; faire la journée entière en mangeant ses bentos, n’assister qu’a un ou certains actes…)

Il y a en général 2 représentations, une a 11h du matin et l’autre a 16h. Quand j’y suis allée c’était le même spectacle qui durait toute la journée. Il est découpé en plusieurs actes : Programme A :Acte 1 : 11h a 12h
Actes 2 et 3: 12h30 a 15h00
Acte 4 et travel dance : jusqu'à 16h
Programme B :Actes 5 et 6 : 16h30 a 18h30
Acte 7 : 19h-20h
Acte 11 : 20h30 a 21h30

Le billet d’entrée pour un spectacle ( un programme, 4h) coûte entre 3000 et 17000 yens ( 20 et 120 euros) selon la place (orchestre ou 3eme étage). Donc assister à un spectacle dans son intégralité et aux meilleures places revient à 240 euros !
Si on ne veut assister qu’a un ou deux actes, ou pour une raison financière ( mon cas) on peut faire la queue une heure avant le début de l’acte et obtenir un billet entre 700 et 1200 yens (3 et 8 euros). Par contre c’est au quatrième et dernier étage !

Tout est très bien organisé : on peut acheter des petites jumelles ( pas de grandes qualité mais bon pour 4 euros on n’en demande pas trop !) et louer une oreillette (3 euros) qui nous traduit et explique la scène en simultanée, en anglais.

Le public :
Il est majoritairement âgé : plus de 50 ans. D’ailleurs on peut se demander qui peut se permettre d’aller au théâtre étant donne que les représentations ont lieu en journée, en semaine (+ we) et que les japonais ont au maximum 10 jours de vacances par an théâtre en pleine semaine ?
Je pense que c’est pour ça que je n’ai pas vu de jeunes : ils doivent être en cours et les jeunes adultes ne peuvent pas prendre d’heures ou de journée comme ça !
Qui sont donc ces gens qui peuvent se permettre de passer une journée entière au théâtre ?
Ce sont des gens d’un niveau social assez élevé, probablement beaucoup de retraités ou de gens suffisamment riches ou professionnellement indépendants.
C’est un régal de les observer car la plupart des femmes sont habillées en kimono traditionnel, magnifique.

Il y a le public particulier qui compose le 3eme et quelque fois le quatrième étage : Ce sont les fans. Souvent masculins ils viennent très souvent au théâtre, c’est pourquoi ils prennent les places les moins chères. On les appelle d’ailleurs du fait de leur place, les Omuko-san, les lointains.
Ces fans font partie de la représentation, ils participent en criant à des moments bien précis. Ils crient des Kakegoe ou des Yago. Ca vous fait une belle jambe !
Bon, les kakegoe sont les interventions criées qui marquent l’appréciation du talent de l’acteur (ex : tu es le meilleur, vas-y, merveilleux…). Les Yago sont eux aussi criés par les connaisseurs , il s’agit du nom de l’acteur,son numéro de génération et le nom de sa maison de comédien(ex : le douzieme ! Narita-ya !).
On ne peut pas crier n’importe comment il faut vraiment être un grand spécialiste : ces compliments enthousiastes sont synchrones avec des répliques, des poses, des entrées précises des comédiens.

L’histoire :
Kanadehon Chushingura : Le trésor des 47 loyaux vengeurs ( je sais ma traduction sonne faux…)

C’est la pièce la plus connue du répertoire de Kabuki. A l’origine c’était une histoire écrite pour le Bunraku (spectacle de marionnettes) Elle a été joué pour la première fois a Osaka en 1748 !
L’histoire est assez complexe et a été tirée d’un fait historique. Le frère du Shogun ( a la tête de l’Etat) se rend a une cérémonie en présence de tous les daimyos (seigneurs) pour faire une offrande aux Dieux : le casque d’un ennemi battu a la guerre.
Le maître du protocole, Morono est arrogant et tombe amoureux de la femme du seigneur Enya Hangans. Rejeté par la femme, il se venge sur son mari et le pousse a la faute : dégainer une épée dans le palais du Shogun. Hangans sera puni et forcé au suicide rituel.Avant de mourir ce dernier demande a son clan de le venger.Un des ses valets de peur s’est enfui. Maintenant il regrette et fait tout pour appartenir à l’équipe vengeresse de son maître. Or il faut de l’argent pour financer cette opération. Sa femme décide de se prostituer, de se vendre pour lui donner l’argent. Lui , un soir, alors qu’il chassait, tue un homme . Il découvre sur lui une bourse dont il décide de se servir pour appartenir aux vengeurs. Cet homme se révèlera être celui qui vient de tuer son beau père et l’argent être le fruit de la vente de sa femme. Bref un tas de quiproquos et de coïncidences qui le pousse au suicide rituel. Heureusement avant sa mort on decouvre qu’il n’a pas tue son beau-père et il appose sa signature a la liste des vengeurs de son ancien maître. L’honneur est sauf.

Les comédiens :
J’ai eu la chance d’assister a cette représentation interprétée par les plus grands comédiens de Kabuki : Tomijuro, et Kikugoro qui ont été déclaré « Trésors Nationaux vivants » et le plus célèbre des onnagata (interprète spécialisé dans les rôles féminins), Tamasaburo.

Le spectacle : 


J’ai assisté au premier acte du haut de mon quatrième étage, Beaucoup trop court (50 minutes seulement). C’est un acte de présentation. Au tout début une marionnette de Bunraku et son manipulateur vient expliquer la situation ( en hommage au fait que c’est une pièce originellement crée pour le bunraku), c’est le prologue. Et je dois dire que je ne vois pas grand-chose car une marionnette de bunraku de la ou je suis est ridiculement petite !
L’immense scène est cachée par le grand rideau aux bandes verticales vertes- noires et rouges.
La salle reste éclairée tandis que rideau s’ouvre lentement de gauche a droite au son du ki ( 2 morceaux de boit tapés l’un contre l’autre). Il dévoile les différents personnages, immobiles ( le frère du Shogun et les daimyos), assis en tailleur dans leurs magnifiques costumes. Il y a 21 personnes sur scène !
Le décor : une maison a gauche et a droite a travers les persiennes desquelles on distingue les musiciens et chanteur, un arbre, un temple au fond.
Des coulisses on entend quelqu’un crier puis chanter « Tozai- Tozai » . Ca veut dire « Est Ouest »et c’est une phrase rituelle qui annonce le début du spectacle.
Ensuite on entend le shamisen ( instrument a cordes traditionnel, sorte de petit guitare).C’est un autre rituel du prologue, le shamisen accompagnés de chants décrit la scène et les personnages viennent a la vie chacun a leur tour. Le spectacle commence alors.
Quand les personnages se lèvent je ne peux m’empêcher de sourire, on dirait des petits nains : ils paraissent minuscules dans leurs costumes qui ont des manches très longues ( on ne voit pas leurs mains, souvent il n’y a qu’un éventail qui dépasse) et surtout des pantalons sur lesquels ils marchent et qui traînent derrière eux sur 1 mètre !
C’est déjà l’entracte : des gens partent d’autres arrivent…

Moi je reviens a 16h30 ( enfin j’étais la a 15h15 pour faire la queue pour les billets) pour l’acte 3 et 4 dans lequel joue le célèbre onnagata Tamasoburo.
Le décor a changé :la scène est assez dénudée, il y a des buissons et des arbres ainsi que 2 maisons a gauche et a droite ( ou il y a les musiciens et bruiteurs).
Plus tard le décor changera a nouveau, sous nos yeux : des portes coulissent et la scène tourne nous découvrant l’intérieur d’un maison traditionnelle.

Comment l’ambiance est-elle rendue dans le théâtre Kabuki, comment nous emmène tíl dans une nuit d’orage ?
A vrai dire ils jouent beaucoup sur la convention théâtrale dans le sens ça fait appel à l’imagination du spectateur. Par exemple quand c’est la nuit, l’éclairage ne change pas du tout, donc on voit un personnage rentrer dans un autre sans le voir alors qu’en fait il fait plein jour pour nous.
Les bruitages manuels sont très utilisés : pour la pluie ou l’orage c’est des bouts de bois ou le gong. Ils interviennent également dans les scènes de bagarre.
Le jeu est assez réaliste, pas formel. Les comédiens jouent vraiment les uns avec les autres, se regardent directement ( je dis ça en opposition au théâtre en Inde par ex). Les comédiens onnagata, qui jouent des femmes sont formidables, d’une grande subtilité et très gracieux. On oublie totalement que ce sont des hommes. La vieille mère fourbue et désespérée est très émouvante et Tamasaburo dans son rôle de la femme aimante qui se vend pour rendre l’honneur à son mari est parfait. Ce que j’ai apprécié c’est que il a beau être une grande star il sert son rôle humblement, sans se mettre en avant , au contraire. Il se tient, conformément à son personnage, en retrait, dans une position de servitude. Il/ elle est très belle, la peau très blanche et les cheveux très noirs.
Un passage rigolo : c’est la chasse et on voit passer sur scène un sanglier ! Un comédien a quatre pattes dans un costume assez ressemblant de sanglier .
La mort est représentée de façon très théâtrale : le personnage se décompose debout, face public, tombe, soubresauts . Il y a même du sang. Pendant toute cette agonie il est accompagné par le shamisen.

On ne sait pas trop quand applaudir mais les spectateurs le savent très bien eux ( certaines sorties ou entrées de personnages).

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Le Kabuki-za
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la salle
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